Exactement au moment où le site www.les-indigotines.com est lancé, c’est la grande fête annuelle dans le village où sont produits les plaids, jetés de canapé, couvre-lits, bijoux, foulards, couvertures bébés. 100 % coton, 100 % fait main, 100 % bonheur. Alors on a décidé de vous raconter l’histoire de Chariot Day qui se situe toujours fin avril, à côté de Hampi, dans l’état du Karnataka, au sud de l’Inde. On part en voyage, c’est aussi un des objectifs de ce beau projet de textiles colorés pour la femme et sa maison.

Le char décoré avec toute l’imagination indienne
C’est un festival de deux jours (comprendre fête religieuse) qui marque profondément tout le village et sa population essentiellement agricole, qui est attendu d’une année sur l’autre, qui se prépare pendant des semaines.
Version courte, pour les paresseuses
Un énorme char d’une quinzaine de mètres de hauteur, en bois, avec des roues plus hautes que des hommes. Une fois par an, on sort le dieu du village de son autel, il va faire sa parade dans tout le village. Le char est tiré avec des grosses cordes par les habitants. Ceux qui regardent jettent en offrande sur le char qui s’ébranle tout doucement des bananes, des noix de coco, des fleurs.
Dans un brouhaha d’applaudissements, de cris, de prières. Les femmes et les enfants sont massés de part et d’autre de la rue principale, parés de leurs plus beaux atouts. Saris pour les femmes mariées et salwar kameez pour les fillettes et jeunes filles nubiles. Le salwar est un pantalon large qui se porte avec une tunique qui s’appelle kameez. Débauche de couleurs chatoyantes. Leurs bras sont chargés de bangles.
Pendant le festival, se déroule le grand marché aux bracelets, ces bracelets de verre multicolores, autant bijoux qu’ornements. Les femmes les porteront jusqu’au prochain festival où ils seront cassés par les marchands avec des bâtons dans un son délicieux.
Dans le temple, les cérémonies se succèdent, le repas est offert aux dévots, les prêtres marieront cent couples de familles pauvres. Après la parade des dieux, dont on appelle la miséricorde, c’est la parade des communautés villageoises qui se succèdent toute la journée, avec costumes hauts en couleurs, danses et musiques à faire perdre l’ouïe. Le spectacle est dans la rue, l’ambiance est bon enfant. Les couleurs sont partout. On n’a pas envie que ça se termine.
Version longue, pour les voyageuses
Avant le Chariot Day, les forains s’installent. C’est la grande foire aux bangles. Ces bracelets de verre de toutes les couleurs que les Indiennes portent par dizaines au bras. Une fois par an, elles investissent dans ces bracelets et cassent la tirelire. Au moment du festival, sous les tentes des forains, on entend ces petits coups de bois qui font voler en éclat les anciens bracelets. Puis, non sans une certaine souffrance, le rituel de l’enfilage des nouveaux bracelets commence : plus ils sont ajustés au bras, moins ils gênent les femmes dans leurs tâches quotidiennes, plus ils sont seyants. Il faut souffrir pour être belle. Les femmes sont assises par terre, en groupe, en famille, font des grimaces lorsque les bijoux franchissent le col du poignet. Sans les casser, car ils sont très fragiles. Et doivent durer toute l’année, jusqu’au festival suivant. Le plus grand marché de bangles est à Hyderabad, à quelques centaines de kilomètres au nord.
Pendant ce temps et durant des semaines avant, le char est savamment décoré de fleurs par les hommes. C’est un vaste ouvrage, énorme, en bois sculpté, doté de quatre roues plus hautes que la taille d’un homme qui vont servir à déplacer le char monumental dans la rue principale du village, pour une parade d’un kilomètre.
C’est la grande sortie des dieux, qui quittent leur temple pour être installés dans un tabernacle en haut du char (15 mètres de hauteur) auquel les prêtres et les hommes seulement accèdent par une échelle, et parcourir religieusement le village. Pour cette procession rituelle annuelle, les dieux sont parés de précieux habits de cérémonies et de guirlandes de fleurs.
A l’instant T, le char s’ébranle. Centimètre par centimètre. Tiré par les hommes et dévots encordés. La corde est magnifique, énorme, torsadée. La foule en liesse jette des offrandes, des fleurs, des noix de coco et des bananes qu’on lance sur le char, dans une profusion de cris et de voeux. C’est un rituel de gratitude et de remerciements au dieu pour qu’il accorde sa miséricorde. On pense aux récoltes et on prie pour que le temps soit favorable aux cultures dans cette communauté rurale très pratiquante. A chaque mètre parcouru par le char, la foule amassée de part et d’autre hurle et applaudit. Comme un 14 juillet quand une belle fusée rouge ou argentée éclate.
Les rues du village sont noires de monde. Les femmes profitent de l’occasion pour s’acheter et exhiber de magnifiques nouveaux saris chatoyants.
Les enfants et jeunes filles ont eux aussi droit à de nouvelles tenues, tunique et pantalon. Brillantes, lumineuses. Elles sourient, rient, sont radieuses. Les plus jeunes font du manège.
S’en suivent des parades non moins exotiques de groupes locaux déguisés, encouragés par des musiciens. On a les oreilles en feu. Ça danse dans tous les sens. Les costumes sont magnifiques.
Au temple, on distribue gratuitement des centaines de repas.
C’est aussi le jour des 100 mariages : cent jeunes couples sont ainsi mariés tous les ans ce jour-là.
A Hampi, au temple Vittala, on peut voir le char tout de pierre sculptée, avec ces quatre roues en granit.
Hampi est le site, austère et grandiose, de la dernière capitale du dernier grand royaume hindou de Vijayanagar, dont les princes extrêmement riches firent édifier des temples dravidiens et des palais qui firent l’admiration des voyageurs entre le XIVe et le XVIe siècle. Conquise par la Confédération islamique du Deccan en 1565, la ville fut livrée au pillage pendant six mois, puis abandonnée.
Un havre de paix et d’histoire et un cadre éminemment magnifique qui fait oublier la rudesse de la vie en Inde.
LES INDIGOTINES sont fières d’avoir choisi ce lieu pour y produire leurs collections de plaids, dessus de lit à jeter sur canapé, couvertures enfants, bijoux et accessoires, exclusivement faits à la main par les villageoises.
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