Le sourcing des tissus, notamment les madras qui permettent de faire les foulards a été toute une expédition, rien que d’aller de Pondichéry à Cuddalore puis à Kurinjipadi, en Inde du sud, en moto de surcroît ! En bus local, surchargé, entre musique à fond et coups de klaxon tonitruants, ça aurait été également un parcours du combattant. Les routes sont bondées, bruyantes, parfois une oasis de rizière et de bananiers me fait oublier la rudesse des déplacements en Inde sans amortisseurs, ça fait aussi partie du jeu.
Une fois enfin arrivée dans le village reculé, localiser les ateliers de tisseurs a pris un certain temps, je les avais simplement identifiés dans une coupure de presse lue dans THE HINDU. Deux autres leçons d’entrepreneuriat apprises sur place : « quand faut y aller, faut y aller; lire la presse locale ».
Je m’aventure dans une ruelle de maisons basses entre vaisselle en inox qui sèche par terre au soleil et enfants qui courent, on appelle un habitant, il m’accompagne jusque dans une autre ruelle entre deux rangées de maisons encore plus basses et m’invite à entrer, enfin, dans l’atelier où tissent encore manuellement des familles de tisserands.
Hommes et femmes s’activent devant d’immenses métiers à tisser en bois. La pièce est sombre, elle sent la terre et l’humidité. Le bruit du bois qui claque est comme une musique d’ambiance. Assis à même le sol, ils tissent et tissent avec agilité et dextérité les fils de coton gris, bleus, beiges.
Ils n’ont jamais vu une Européenne en vrai. Les langues se délient. Ils m’expliquent. Tisser un lungi de huit mètres de long leur prend quatre jours, ils et elles travaillent six heures par roulement de six heures du matin à six heures du soir et gagnent huit cent roupies. Le fil leur est fourni par la coopérative. Ils se chargent de le filer, le mettre en bobine, de la teinture, du motif, du tissage. Ils apportent la pièce terminée à la coopérative, qui les paye et assure la vente des lungis.
En les regardant bien, on voit la subtilité du motif, résultat de leur travail artisanal.
Le lungi, ou dothi est l’habit traditionnel porté par les hommes, une pièce de tissu en coton de deux mètres de long qu’ils enroulent et nouent savamment autour des hanches, portent longue ou remontée en jupe. De l’écossais, des rayures, des carreaux, principalement bleus. Ou blancs, pour les hommes politiques, et lors des cérémonies et fêtes religieuses. Ils les enroulent également autour de la tête pour se protéger du soleil et de la chaleur.
Ils m’offrent un chai.
Dans la rue, une femme sans âge file le coton qu’elle enroule en activant d’une main une manivelle qui fait tourner une roue de vélo autour duquel le fil se déroule. Les bobines, de toutes les couleurs, sont comme un tableau.
Autour d’un thé épicé, ils me disent qu’ils sont inquiets du développement des machines, qu’ils sont les derniers à se transmettre le métier, que les jeunes ne s’y intéressent pas.
LES INDïGOTINES Home sont donc fières de proposer une collection de foulards tissés à la main par ces artisans au savoir-faire indéniable. Si experts, si humbles. Des très beaux plaids, jetés de canapé et couvre-lits, écossais ou à carreaux, aux couleurs vives ou pastels, vert de gris, bleu azur, dégradés de gris sont aussi issus du détournement de cet habit traditionnel.
Ce choix éthique de ne pas acheter de tissu industriel contribue à la sauvegarde de savoir-faire ancestraux et au maintien de ces communautés. Handloom versus Power loom !
Ils m’invitent à rester. Ils me disent que je suis leur messie. Je les quitte avec regret et attends avec impatience ma prochaine visite, le réassort des tissus et cette belle rencontre, intense, inoubliable qui m’a mis les larmes aux yeux.
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